Plein soleil
Voici 150 ans, le Soleil levant de Monet faisait une impression qui, sous la plume ambiguë du critique Louis Leroy, donnait naissance à l’impressionnisme. Pour la commémorer, son musée fait de ce bond dans le ciel de l’art l’occasion d’un voyage autour du soleil, de l’aube des temps à nos jours. Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement, dit La Rochefoucauld, mais c’est pourtant ce qu’ose cette exposition qui lui fait face, sous toutes les facettes : artistiques, symboliques et même astronomiques à travers les instruments d’observation, de mesure et de compréhension qui accompagnent et éclairent la centaine d’œuvres choisies avec soin auprès des plus grands noms de la peinture, du dessin ou de la photographie. Car représenter le soleil en tant que source de la lumière et motif central de tous les arts, c’est aussi s’intéresser à ce que cet astre représente pour les hommes, autant qu’à la manière dont ils se le représentent et se figurent une mécanique céleste longue à percer dans ses courses, cycles et déroutantes éclipses.
Il faut un feu nourri d’échanges entre l’art, la science, le sacré pour produire des vues parlant à la fois à la sensation, à l’imagination, à la raison. L’exposition rend compte en beauté de toutes ces images et suit le simple fil du temps sans s’embarrasser de celui d’Ariane. Dans le monde antique, les choses sont claires : sous les traits de Mithra, d’Amon-Râ, d’Apollon, d’Hélios, de Sol ou autre avatar, le soleil règne en dieu, exerce un pouvoir au minimum jupitérien. La chrétienté médiévale lui préfère un régime de cohabitation, rediscutée par le Roi Soleil puis par les Lumières et quelque peu démystifiée par les physiciens de l’ère du progrès mais sans préjudice de son rayonnement, surtout pour les artistes qui magnifient de plus belle l’irremplaçable géométrie du fascinant disque et ses ondes chaque…