Histoire de la dent d’or

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°27 - 7 juillet 2021 (page 45-47)
Information dentaire

Sous l’égide de Société Française d’Histoire de l’Art Dentaire (SFHAD)
Musée Virtuel de l’Art Dentaire (MVAD)
Association de Sauvegarde du Patrimoine de l’Art Dentaire

En 1593, en Silésie, huit jours avant Pâques, une fillette découvre dans la bouche de son camarade, une molaire qui brille comme de l’or. La nouvelle parvient très vite aux oreilles des médecins iatrochimiques, astrologues qui s’interrogent sur la nature de ce prodige, fait réel ou miraculeux ? Tous veulent l’examiner, et l’enfant court de foire en foire pour monnayer l’ouverture de sa bouche. Mais c’est la crédulité de ceux qui ont attribué à cette dent d’or le caractère d’oracle qui en a fait une véritable histoire.

Dans L’Histoire des oracles (1687), Bernard de Fontenelle (1657-1757) raille le plus crédule de ceux qui ont attribué une signification magique à l’apparition de cette dent d’or : Jacob Horst (1537-1600). Ce dernier, médecin et professeur en l’université de Helmstatt, relate longuement (145 pages) « l’affaire » dans un ouvrage philosophique.

Par bonheur, un certain Jacob Frank résume sa précieuse observation clinique dans un texte en langue vernaculaire de six pages, intitulé L’histoire merveilleuse d’une dent d’or.

« Chrestofle Molec […], estant en l’âge de sept ans qu’on tient pour année critique, perdit ses dents & en la place d’icelles luy en vint entre autres en la maschoire d’en bas du costé gauche une d’or, de la grandeur, forme & proportion des autres. En fin en l’an 1594, au mois de Septembre je la veis aussi, et l’ayant bien consideree & tastee, je l’esprouvay à la pierre de touche. Tout incontinent que le garçon ouvrit la bouche, je veis reluyre la dent, la maniay, la trouvay ronde, & par haut trenchante ayant quatre pointes, & au milieu un peu creuse comme les grosses dents ont accoustumé d’estre, d’une mesme grandeur ou peu plus grande que les autres & en ordre toute la dernière.  Elle tenoit fort & ferme, la gencive autour vermeille & belle. Je ne me contentay de tout cela, mais feis manger l’enfant, & comme il mangeait le mieux, pour scavoir s’il se servait de ladite dent comme les autres, je trouvay encor la chair tenir à la dent & luy ayant faict laver la bouche avec de l’eau, je touchay la dent de la pierre de touche et trouvay que c’estoit de l’or du Rhin & encor un peu meilleur. J’ay aussi apperceu le garçon estre de chaude & seiche complexion & de fort bon entendement. »

Résumons, il s’agit donc d’une molaire :

  • « maschoire d’en bas du costé gauche », mais « qui ne remplace pas une dent perdue » ;
  • la morphologie…

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