Dans L’Histoire des oracles (1687), Bernard de Fontenelle (1657-1757) raille le plus crédule de ceux qui ont attribué une signification magique à l’apparition de cette dent d’or : Jacob Horst (1537-1600). Ce dernier, médecin et professeur en l’université de Helmstatt, relate longuement (145 pages) « l’affaire » dans un ouvrage philosophique.
Par bonheur, un certain Jacob Frank résume sa précieuse observation clinique dans un texte en langue vernaculaire de six pages, intitulé L’histoire merveilleuse d’une dent d’or.
« Chrestofle Molec […], estant en l’âge de sept ans qu’on tient pour année critique, perdit ses dents & en la place d’icelles luy en vint entre autres en la maschoire d’en bas du costé gauche une d’or, de la grandeur, forme & proportion des autres. En fin en l’an 1594, au mois de Septembre je la veis aussi, et l’ayant bien consideree & tastee, je l’esprouvay à la pierre de touche. Tout incontinent que le garçon ouvrit la bouche, je veis reluyre la dent, la maniay, la trouvay ronde, & par haut trenchante ayant quatre pointes, & au milieu un peu creuse comme les grosses dents ont accoustumé d’estre, d’une mesme grandeur ou peu plus grande que les autres & en ordre toute la dernière. Elle tenoit fort & ferme, la gencive autour vermeille & belle. Je ne me contentay de tout cela, mais feis manger l’enfant, & comme il mangeait le mieux, pour scavoir s’il se servait de ladite dent comme les autres, je trouvay encor la chair tenir à la dent & luy ayant faict laver la bouche avec de l’eau, je touchay la dent de la pierre de touche et trouvay que c’estoit de l’or du Rhin & encor un peu meilleur. J’ay aussi apperceu le garçon estre de chaude & seiche complexion & de fort bon entendement. »
Résumons, il s’agit donc d’une molaire :
- « maschoire d’en bas du costé gauche », mais « qui ne remplace pas une dent perdue » ;
- la morphologie…