Gestion des tissus mous en paro-implantologie : comment faire la différence ?

  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
Information dentaire
Séance organisée par la SFPIO
Responsable scientifique : Virginie Monnet-Corti

ADF 2015 – 24/28 novembre

Malgré les progrès accomplis durant ces dernières décennies en odontologie (progrès technologiques, essor des matériaux…), force est de constater que le praticien se trouve souvent confronté à des cas cliniques d’édentement partiel ou total d’une grande complexité.
Les patients édentés sont de plus en plus âgés, leur terrain ostéomuqueux est très affaibli. Ils sont souvent très exigeants pour leur réhabilitation esthétique et fonctionnelle.
Cette séance a été mise en place pour faciliter l’exercice quotidien de l’omnipraticien, et pour tenter de répondre aux interrogations dans ces cas complexes et délicats.
Nous avons fait appel à des conférenciers confirmés dans le domaine de la prothèse amovible pour aborder les thérapeutiques envisageables dans diverses situations.
Pierre Santoni (Marseille) traitera des prothèses amovibles partielles dans les cas des édentements unilatéraux (les “unijambistes” de l’édentement) (fig. 1).



Ces situations cliniques sont souvent délicates à résoudre, car le praticien doit penser à supprimer les mouvements parasites déstabilisants pour la prothèse. Ils doivent être impérativement neutralisés (rotation transversale autour de la crête, enfoncement de la selle prothétique…). Il présentera des solutions simples et efficaces (augmentation de la surface d’appui ostéomuqueuse, utilisation d’empreintes dynamiques…), il proposera également la création d’aménagements fraisés et la réalisation de prothèses composites de précision pour résoudre les problèmes esthétiques des classes V de Kennedy. Il expliquera simplement comment concevoir des concepts occlusaux selon les situations cliniques.
Olivier Hue (Marseille) exposera les traitements dévolus aux cas extrêmes de résorption osseuse en prothèse amovible complète. La réponse prothétique se situe à quatre niveaux dans ces cas cliniques bien particuliers :
– les empreintes : elles doivent être adaptées à chaque cas et aussi tenir compte de l’existence éventuelle de crêtes “flottantes”. Les porte-empreintes individuels et les matériaux sont choisis par le praticien selon la situation et le terrain ;
– l’occlusion : le praticien doit veiller particulièrement à restaurer une bonne orientation du plan occlusal prothétique, en particulier pour que la prothèse mandibulaire devienne un “repose-langue” et non pas une “prison à langue”, le tout associé à une dimension verticale d’occlusion correcte ;
– les montages : dans tous ces cas complexes, l’occlusion bilatéralement équilibrée doit être systématiquement établie. L’utilisation de dents artificielles à morphologie occlusale plane sera privilégiée pour diminuer les composantes horizontales déstabilisantes (fig. 2) ;


– la finition des cires est fondamentale, car les extrados prothétiques contribuent largement à la rétention et à la stabilisation des appareils.
Enfin, l’auteur abordera l’éventualité de placer des implants pour améliorer considérablement l’équilibre des prothèses.
Maxime Helfer (Nancy) abordera les problèmes posés par la réalisation des prothèses complètes unimaxillaires. Ces situations cliniques faussement simples nécessitent une analyse rigoureuse et une préparation préprothétique parfois lourde et complexe, en particulier lorsque l’arcade dentée antagoniste est perturbée, ce qui est souvent le cas. Il est impératif de préparer le plan occlusal denté, de “faire le lit occlusal” à la future prothèse complète antagoniste pour lui permettre de fonctionner harmonieusement selon le concept de l’occlusion bilatéralement équilibrée. Tous les moyens nécessaires doivent être mis en œuvre dans cette finalité (traitements simples ou complexes, de la simple coronoplastie jusqu’au bridge complet, en passant par les traitements ODF ou les avulsions…) (fig. 3).


La priorité doit être impérativement donnée à la prothèse la moins stable, donc, dans ces cas, la prothèse amovible complète. Le projet prothétique initialement simple est fréquemment modifié, parfois de manière importante, et il convient de trouver le meilleur rapport bénéfice/coût thérapeutique. Il ne faut pas non plus négliger le choix judicieux des dents artificielles : leur matériau, leurs formes, leurs dimensions doivent être en harmonie avec les dents présentes à l’arcade antagoniste. Une analyse préprothétique minutieuse est indispensable pour éviter les écueils nombreux et assurer la pérennité de la restauration de l’arcade édentée. Il faut enfin souligner l’importance de la maintenance occlusale, nécessité absolue dans ce type de restauration prothétique.
Enfin, Sylvie Montal (Montpellier) traitera de l’apport de l’implantologie en prothèse amovible complète. Si, à la mandibule, la prothèse complète ostéomucoportée à complément de rétention implantaire est devenue un minimum thérapeutique (symposium de Mac Gill de 2002) (fig. 4), elle reste une indication qui doit tenir compte de nombreux paramètres pour éviter les déconvenues dans ce type de traitement “faussement simple”.


Il ne faut jamais oublier que c’est la prothèse qui “commande” à l’implant, et qu’un implant, même parfaitement situé et intégré, ne gommera pas les erreurs de la prothèse. Au maxillaire, il n’y a pas de réel consensus sur les prothèses complètes amovibles implanto-portées, mais la qualité de l’os et la forme de la crête imposent un nombre d’implants supérieur à celui préconisé à la mandibule. L’auteur présentera l’ensemble des éléments à prendre en compte pour apporter une réponse pertinente aux patients édentés, sans oublier d’évaluer le différentiel bénéfice/risque des thérapeutiques. Le projet thérapeutique est indispensable pour éviter les pièges. Compte tenu de la complexité de certaines situations cliniques, et de l’attente d’une solution pour les patients face à l’instabilité de leurs prothèses amovibles, il convient de rester vigilants et de freiner les espérances parfois déraisonnables des patients, qui doivent comprendre et adhérer au plan de traitement proposé. Stabiliser ou retenir les prothèses grâce aux implants est une option qui permet une meilleure préservation du support osseux, une capacité masticatoire augmentée, une possibilité de sourire et de lien social accrue, et donc une qualité de vie et de santé optimisée.
C’est Xavier Ravalec (Rennes) qui jouera le rôle de modérateur, et qui assurera le lien entre l’auditoire et les conférenciers, pour permettre aux participants de s’exprimer et répondre à leurs attentes.

En conclusion, c’est bien en amont de tout traitement que se trouve la “clé du succès”. Le praticien doit réfléchir et agir en véritable thérapeute et concepteur pour rétablir idéalement l’enveloppe fonctionnelle et esthétique de toute prothèse amovible, aidé dans cette tâche par le réalisateur technique : le prothésiste de laboratoire.
Nous sommes persuadés que cette séance pourra vous proposer des solutions abordables, simples et efficaces, directement applicables dans vos cabinets.

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