Séance du samedi 28 novembre. Responsable scientifique Magalie Brochard. Conférenciers : Vianney Descroix, Arnaud Lafon, Michel Guyot, Yves Boucher
En pratique quotidienne, le suivi postopératoire et la gestion des éventuelles complications doivent être assurés par le praticien après tout acte invasif. Les complications postopératoires peuvent être classées globalement en quatre types : douloureuses, hémorragiques, infectieuses, nerveuses, mais, quelle que soit leur nature, le socle commun de leur prise en charge repose sur la connaissance et le respect des recommandations actuelles.
Les complications douloureuses : la littérature ne met pas en évidence de corrélation entre l’importance de la chirurgie et les douleurs postopératoires. En revanche, un patient anxieux aura un seuil douloureux abaissé. Les médicaments antalgiques se divisent en non morphiniques (paracétamol, salicylés, anti-inflammatoires non stéroïdiens [AINS], néfopam) et morphiniques faibles et forts ; parmi les non morphiniques, l’ibuprofène est le médicament le plus prescrit dans le monde, mais aussi le moins risqué, car tous les AINS sont plus ou moins toxiques. En 2015, aucune étude ne prouve une efficacité supérieure de la codéine ou de l’association opioïde faible/paracétamol par rapport aux AINS. En revanche, l’association paracétamol/AINS donne d’excellents résultats de par la potentialisation de leurs effets.
Les complications hémorragiques : évaluer le risque hémorragique, c’est anticiper (par la connaissance du terrain), maîtriser (le geste opératoire, les risques anatomiques, l’inflammation, les bilans biologiques) et gérer l’hémostase si nécessaire par des moyens locaux.
Les complications nerveuses : les douleurs neuropathiques trigéminales sont de causes très variables et potentiellement possibles dans beaucoup d’interventions de chirurgie orale. Elles entraînent une dégradation souvent importante de la qualité de vie du patient et représentent donc un problème de santé publique non négligeable. Elles sont souvent confondues avec des douleurs dentaires et l’utilisation du questionnaire DN4 est une aide diagnostique indispensable pour évaluer la probabilité d’une douleur neuropathique. Les antalgiques usuels étant peu ou pas efficaces, il faut faire appel à d’autres molécules (antidépresseurs, antiépileptiques) prescrites pour leur activité analgésique.
Les complications infectieuses : l’identification du risque infectieux (antécédents du patient, traitements médicamenteux…), le respect des conditions d’hygiène (orales et environnementales) et l’évaluation stricte du rapport bénéfice/risque de l’acte pour le patient sont les mesures les plus efficaces pour prévenir le risque infectieux. La pertinence de la prescription d’une antibioprophylaxie ou d’une antibiothérapie dépend du terrain et des conditions opératoires, donc souvent soumise à l’appréciation du praticien.
Quoi qu’il en soit, la meilleure thérapeutique des complications postopératoires est… la prévention !
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