Situation
– Depuis qu’elle s’est présentée il y a deux ans à mon cabinet pour des douleurs et des saignements des gencives, je soigne Clémentine, âgée de 34 ans, toutes les deux à trois semaines. Ses dents étaient mobiles et elle présentait des poches parodontales importantes. Fumeuse, à raison d’un paquet de cigarettes par jour, et sans technique de brossage et d’hygiène adaptée, son état ne semble pas s’améliorer comme il le faudrait.
– Je lui prodigue mes conseils, mais je m’aperçois, malgré ses dénégations, qu’elle ne les suit pas. Elle continue à fumer, à grignoter entre les repas, et sa plaque bactérienne n’est jamais maîtrisée.
– Je suis attaché au résultat de mes soins et à la santé de ma patiente, mais je ne veux pas porter le poids de l’échec du traitement.
– Dois-je renoncer ? Ai-je le droit de refuser de poursuivre les soins considérant sa mauvaise foi et son inobservance ?
– Suis-je tenu de renforcer ma relation thérapeutique et la motivation de la patiente ?
Réflexions du Docteur Charles Angioni
Attaché hospitalier en parodontologie
Service de Médecine bucco-dentaire de l’hôpital Henri Mondor
Les questions posées par le praticien expriment une lassitude et une frustration face à la stagnation du traitement, qui risquent d’altérer l’alliance thérapeutique avec le patient.
L’affect ne doit pas emporter notre prise de décision, il ne doit pas non plus être négligé au risque de ne pas percevoir son influence. La parodontite est une maladie inflammatoire chronique pour le traitement de laquelle l’adhésion du patient joue un rôle fondamental.
L’alliance thérapeutique constitue l’un des trois piliers du traitement parodontal (avec la réponse de l’hôte et l’instrumentation). Dans le cas présent, bien que l’objectif de cette alliance semble partagé (la patiente continue d’honorer ses rendez-vous), la patiente ne parvient pas à maintenir…