Situation
Un patient s’est présenté muni du courrier d’un confrère me priant d’extraire trois dents délabrées : les 16, 17 et 27. J’ai réalisé, à sa demande, ces avulsions.
Au retour du patient chez son praticien, ce dernier m’appelle, agacé, car, selon lui, la 27 retirée devait être conservée et la 26 aurait dû être extraite. Pourtant, le courrier précisait l’avulsion de la 27. Mon confrère maintenait que cette dent n’était pas si délabrée tandis que la 26 l’était bien plus, l’examen clinique aurait dû m’orienter en ce sens.
Cette situation me met en difficulté face à mon confrère qui a commis une erreur lors de la rédaction de son courrier. Je pense avoir répondu à sa demande car cette dent 27 présentait elle aussi un délabrement coronaire.Comment faire face à cette situation ? Je veux rester confraternel, défendre mon acte chirurgical, mais suis gêné vis-à-vis du patient qui a perdu une dent qu’il comptait conserver pour restauration.
Réflexions du Professeur Jean Valcarcel
Doyen de la faculté de chirurgie dentaire de Montpellier
En santé, les notions d’erreur et de maladresse, comme celle de faute, font appel au champ de la responsabilité de tous les professionnels de santé, et ce malgré leurs caractères imprévisible, occasionnel et involontaire. Ces notions interpellent à la fois l’approche médico-légale dans la manière de les limiter et l’approche éthique pour les rendre, sinon acceptables, au moins compréhensibles.
Sur le plan médico-légal, le Code de santé publique nous rappelle, dans son article principal sur la responsabilité (article L1142-1), que celle-ci est engagée s’il y a une faute dans tout acte de prévention, de diagnostic ou de soins, en dehors du défaut lié à un produit de santé en tant que tel. Comme la notion de faute fait appel à celle d’un lien de causalité, la notion d’erreur à l’origine d’une faute fait appel à des variations…