Situation
Je rencontre des problèmes financiers et je me confie à l’un de mes patients, homme d’affaires de 45 ans, que je soigne depuis vingt ans. Il est devenu un véritable ami et je sais pouvoir compter sur son soutien.
Il me propose aussitôt de me prêter 50 000 euros qui pourront m’aider à passer cette période difficile.
Je me questionne :
— puis-je accepter cette proposition amicale sans franchir les limites exigées par le professionnalisme ?
— ce prêt de mon patient est-il désintéressé ou pour se garantir un traitement préférentiel ?
— mon patient pourrait-il alors éprouver de la rancune si je ne modifie pas mes habitudes de soins ?
— pourrait-il changer notre relation thérapeutique et entraîner un éloignement de la relation professionnelle qui nuirait aux soins ?
J’ai des doutes… J’ai besoin de cet argent et mon patient est libre de ses propositions amicales. Mais je crains aussi d’être sanctionné ou de contrevenir à mes principes éthiques.
Réflexions Professeur Frédéric Bizard
Professeur d’économie, ESCP Président de l’Institut Santé (www.institut-sante.org)
Auteur de L’autonomie solidaire en santé, Éditions Michalon, 2021
« Le chirurgien-dentiste ne peut aliéner son indépendance professionnelle de quelque façon, sous quelque forme que ce soit. » Cet article du Code de déontologie dentaire, codifié dans le Code de santé publique (art R 4127-209), apporte un début de réponse pour guider l’action de tout chirurgien-dentiste (et de tout médecin) qui fait face à une situation éthique délicate.
Le rapport à l’argent en santé est connexe de la question de l’indépendance professionnelle. Cette indépendance est d’abord une exigence déontologique. Les chirurgiens-dentistes la garantissent par leur expertise, leur éthique et la détention d’un diplôme. Ils se doivent de prendre les meilleures décisions diagnostiques et thérapeutiques en fonction…