Situation
– Pour la deuxième fois, cette famille occupe bruyamment ma salle d’attente. Les jeunes enfants, très turbulents, ne cessent de déplacer la décoration, les journaux sont abîmés, et aujourd’hui, l’un des garçons a renversé une petite table, cassant l’un de ses pieds et le vase qui s’y trouvait.
– Malgré les excuses confuses de la maman, je me demande si je peux exiger un remboursement des dégâts. Elle me signale que les objets fragiles ne devraient pas être disposés dans une salle qui reçoit des enfants qui peuvent se blesser.
– Je désire éviter un nouvel incident avec cette famille. Puis-je mettre fin à ma relation de soins avec elle ?
Réflexion du Docteur Violaine Smail-Faugeron
Maître de conférences des universités – Praticien hospitalier.
Faculté de chirurgie dentaire de l’Université de Paris
« 10 h 15. J’avais rendez-vous à 10 h. Pour m’arracher une dent en plus, et j’ai cru comprendre que c’était une opération très difficile. Même pour ça, le dentiste est encore en retard. Il se rend compte du préjudice qu’il me cause en me faisant patienter ainsi, dans l’angoisse ?
« Paul ! Arrête de déchirer ces magazines ! Victor, attention au vase !
« Mais qu’ai-je fait au bon Dieu pour mériter des enfants comme ça ? Je n’en peux plus, je suis fatiguée… Le dentiste ne va pas être content. Oh et puis il n’avait qu’à pas être en retard celui-là ; tout cela ne serait pas arrivé ! »
Peut-être est-ce cela, la vie de la patiente. Peut-être est-ce une femme seule, sans moyen de garde, peut-être ses enfants sont-ils en situation de handicap, malades, hyperactifs ou simplement turbulents, « mal élevés ». Que lui conseiller alors ? La fameuse « pilule de l’obéissance »*, si répandue aux États-Unis et qui commence à l’être également en France ? Oui, peut-être faudrait-il prescrire à ses enfants ce psychotrope, cette drogue, pour enfin avoir…