Dépenses de santé : l’heure des comptes

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Information dentaire
La Direction de la recherche, des études de l’évaluation et des statistiques (Drees) a publié le 6 septembre, comme chaque année, un bilan détaillé des « Comptes nationaux de la santé » pour 2015. Voici les principaux points à retenir.

Dépenses globales de soins, stabilisées à 2 930 € par habitant
En 2015, la consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) s’élève à 194,6 milliards d’euros, soit 2 930 € par habitant. Elle progresse de 1,8 % en valeur et de 2,5 % en volume, les prix de la CSBM reculant de 0,7 % par rapport à 2014. En 2015, la CSBM représente 8,9 % du PIB soit une part en léger recul après trois années de croissance de 2012 à 2014

Les soins de ville progressent toujours
La consommation de soins de ville s’élève à 50,5 milliards. Elle croît de 2,3 % en 2015, comme en 2014. Les soins d’auxiliaires médicaux sont à l’origine de plus de la moitié de cette croissance, alors qu’ils ne représentent qu’un peu plus du quart des soins de ville (28,4 %). Ces soins d’auxiliaires médicaux délivrés par les infirmiers ou les masseurs-kinésithérapeutes sont très dynamiques (+ 4,3 %), à 14,4 milliards. Les évolutions des autres postes composant les soins de ville sont bien moindres : les volumes de soins de médecins et de sages-femmes progressent de 1,6 % au global et celui des soins dentaires de 0,3 %.

Hôpitaux, toujours plus
Dans le secteur public, la consommation de soins s’élève à 70,1 milliards en 2015. Elle progresse de 2,2 % en valeur, mais en deçà de sa tendance en 2010-2014 (+2,7 % par an). La consommation de soins dans le secteur privé (20,7 milliards) ralentit plus nettement (+1,1 % en 2015, après +2,4 % par an de 2010 à 2014), à la suite de la modération des honoraires et des frais de séjour.

Le médicament recule encore
En 2015, les nouvelles baisses du prix du médicament et une « générication » toujours plus forte font plus que compenser sa croissance en volume : la consommation de médicaments en ville, qui s’élève à 34,0 milliards, diminue de 0,5 % après une baisse de plus de 1 % en 2014

Les « autres biens médicaux » flambent, l’optique baisse
La consommation des « autres biens médicaux » atteint 14,7 milliards en 2015, soit 3,9 % de plus qu’en 2014. Elle comprend 6,1 milliards pour l’optique, 2,8 milliards pour les prothèses, orthèses et véhicules pour handicapés physiques (VHP) et 5,8 milliards de matériels, aliments et pansements. Les prothèses, orthèses et VHP progressent de 7,0 %, et les matériels, aliments et pansements, de 5,4 % !
Seule la dépense d’optique, qui progressait fortement dans les années 2000, a nettement ralenti depuis 2013 et diminue pour la première fois depuis 2015 (- 0,3 %). Certains organismes complémentaires ont limité leurs garanties « et la réforme des contrats « responsables », entrée en vigueur le 1er avril 2015, accentue ce phénomène », selon la Drees.

Les transports sanitaires : toujours plus.
Ils s’établissent à 4,6 milliards en 2015, soit une hausse de 4,0 % en valeur et de 2,7 % en volume par rapport à 2014 après + 5,8 % en 2013 et +5,1 % en 2012…

Le reste à charge des ménages en baisse
Il est évalué à 16,4 milliards pour l’année 2015, soit 8,4 % de la CSBM ou 247 e par habitant. Il était de 8,6 % en 2014 et de 9,3 % en 2011. La CSBM est majoritairement financée, à 76,8 %, par la Sécurité sociale, soit 149,5 milliards. L’État, les collectivités locales et la CMU de base couvrent 1,4 %, soit 2,72 milliards. Globalement, la Sécurité sociale (l’État et la CMU-c) couvre 78,2 % des dépenses en 2015, contre 77,1 % en 2011. Les organismes complémentaires (mutuelles, institutions de prévoyance et sociétés d’assurances) ont quant à eux versé au total 26 milliards de prestations en soins et biens médicaux, soit 13,4 % de la CSBM.

La consommation de soins dentaires en hausse

La consommation de soins dentaires s’élève à 10,7 milliards d’euros en 2015, soit une hausse de 1,2 % en valeur par rapport à 2014. Elle est portée par le dynamisme de la dépense remboursable (+ 3,3 %), tandis que la part non remboursable se replie légèrement (- 0,4 %). « Toutefois, la dynamique réelle de la consommation de soins dentaires est difficile à appréhender, note la Drees. Les soins dentaires non remboursables sont très mal mesurés par la statistique publique en raison de leur non-inscription dans la CCAM.
En conséquence, l’estimation qui en est faite dans les comptes de la santé est fragile. » Les soins conservateurs, représentent 41 % des actes, les radiographies 23 %. Viennent ensuite les consultations et visites (15 %), les prothèses (11 %), les extractions et autres actes de chirurgie (7 %) et, enfin, les soins d’orthodontie (3 %).
Parmi les soins remboursables, la part des dépassements d’honoraires (concentrés sur la prothèse et l’orthodontie, seuls actes dentaires remboursables sur lesquels ils sont autorisés) s’est repliée de 1,1 point entre 2013 et 2015. « Elle demeure toutefois à un niveau élevé en 2015 (51,9 %), souligne l’étude. À titre de comparaison, la part moyenne des dépassements dans les honoraires totaux des stomatologues atteint 44,9 %, contre 17,6 % pour la moyenne des médecins spécialistes. »

800 millions
pour la prévention

Le prix des soins dentaires progresse également de 0,9 % sous l’effet des revalorisations de certains soins conservateurs et chirurgicaux au moment du passage en CCAM.
Le volume des soins dentaires (nombre d’actes) est stable (+ 0,3 %) après un recul en 2014 (-1,2 %). Les soins dentaires représentent 5,5 % de l’ensemble de la consommation de soins en France. Les organismes complémentaires en financent 40,3 % (4,320 milliards). Leur part de financement a crû de 5 points depuis 2006.
Enfin, la Drees estime que les dépenses relatives aux soins dentaires de nature préventive représentent 800 millions en 2014. « Elles concernent très largement (92 %) des soins de détartrage et de polissage des dents. » Elles ont augmenté en moyenne de 4,8 % par an entre 2012 et 2014.

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