Mises en abyme de périls puérils
C’est l’histoire d’un gamin de l’Ontario qui, fou de SF, dévore tout ce qui lui tombe sous les yeux et couvre frénétiquement ses cahiers de dessins fantastiques. Et déjà tout est là : mondes imaginaires, méga-machines, voyages cosmiques, créatures extraterrestres ou biométriques. Né en 1954, son enfance s’imprègne des rêves cybernétiques de l’époque autant que de ses cauchemars nucléaires, mais dès l’adolescence il se projette en explorateur des profondeurs à la fois spatiales et sous-marines après deux révélations : celle du film 2001 l’Odysée de l’espace en 1968, et en 1969 celle du Sublimnos, la station de recherches subaquatique du plongeur Joe MacInnis, qu’il découvre au Musée royal de l’Ontario. Il en fait un croquis et réalise sa propre bathysphère Sealab 3, à l’aide de pièces d’un jeu de construction et d’un bocal à cornichons habité, avant de l’immerger dans la rivière voisine (succès total, la souris survit).
Ce gamin plus qu’imaginatif, c’est James Cameron, créateur entre autres des blockbusters Terminator, Aliens, Abyss, Titanic, Avatar. Les 70 ans qu’il fête cette année ne l’ont en rien changé, comme le prouve la rétrospective qui les célèbre à la Cinémathèque. C’est stupéfiant de constater, en voyageant dans le temps via une floraison de dessins, maquettes, décors, costumes, objets, commentaires personnels et extraits de ses films, combien sont constantes les bases de son inspiration et simple la ligne suivie. Les budgets sont astronomiques, les recettes vertigineuses, la sophistication technologique toujours plus hallucinante, mais de sa chambre d’enfant aux manettes de ses super-productions, la trajectoire est directe. Il le confesse d’ailleurs très ouvertement dans cette scénographie en forme d’autobiographie : tout vient et ne cesse de provenir de ce qu’il a très tôt assimilé et traduit…