Ce fut donc la surprise du 2 décembre dernier lorsque le gouvernement annonça la création, dès la rentrée 2022, de huit nouveaux sites universitaires de formation en odontologie « soit sous forme d’unités de formation et de recherche, soit sous forme d’antennes » à Amiens, Caen/Rouen, Dijon/Besançon, Grenoble, Poitiers et Tours. Objectifs : « Orienter les professionnels de santé vers les territoires les plus fragiles du point de vue de la démographie en chirurgiens-dentistes » et « permettre d’atteindre l’objectif ambitieux d’augmentation de 14 % des capacités d’accueil en formation en odontologie sur la période 2021-2026 ».
Les pouvoirs publics apportent ainsi une réponse aux propositions contenues dans le rapport de l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS) publié le 20 avril à la suite de la Conférence nationale de santé du 26 mars (https://bit.ly/3pl7CPn). Pour faire face au manque de praticiens dans les années à venir, il propose la formation de 7 265 étudiants en odontologie d’ici à 2025, soit une augmentation d’environ 20 % par rapport au numerus clausus actuel. Surtout, il souligne « qu’il existe un effet génération : les jeunes des régions sans faculté dentaires, telles la région Bourgogne Franche Comté, la Normandie ou le Centre-Val-de-Loire, contraints de se former dans des subdivisions d’accueil, ne reviennent plus aussi souvent dans leur région d’origine que les générations précédentes ».
Déshabiller Paul pour habiller Jacques
Dans son annonce, le Premier ministre ne précise aucune modalité de mise en œuvre de cette décision. C’est bien ce qui inquiète aujourd’hui la profession. Si, dans un communiqué commun du 7 décembre, tous les syndicats dentaires (FSDL, Les CDF, UD, SFCD) et l’Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire (UNECD), soutenus par la Conférence des doyens en odontologie et l’ADF, se disent « favorables » à l’ouverture de ces nouvelles unités de formation, ils alertent sur « les dangers » que cela pourrait représenter. Regrettant un manque de concertation avec les acteurs de la profession « alors que ce plan implique des changements conséquents avec un délai trop court pour une mise en place sereine », ils craignent que l’on déshabille Paul pour habiller Jacques.
Comment recruter des enseignants et des encadrants qualifiés dans ces nouveaux lieux de formation quand les 15 UFR déjà existantes « souffrent d’un manque cruel de moyens humains et matériels tant sur les sites universitaires qu’hospitaliers » ? Selon le communiqué, l’ouverture de sites universitaires supplémentaires risquerait « d’entraîner une dégradation inacceptable de la qualité de l’encadrement ». Les signataires demandent en conséquence une « clarification » et « une présentation détaillée » du plan du gouvernement, la transmission du rapport de l’Inspection générale de l’éducation qui doit présenter un état des lieux précis de la formation en odontologie et des « investissements massifs » sur le projet à venir comme sur les lieux de formation existants.
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