La pandémie liée à la Covid-19 qui a submergé le monde – et la France – au printemps dernier a complètement bouleversé l’ensemble de la profession, confrontée soudainement à ce nouveau virus respiratoire dont on apprenait qu’il saturait progressivement les capacités de réanimation, puis les morgues des hôpitaux. Sa transmission probable par les gouttelettes et les aérosols exposait particulièrement le personnel des cabinets dentaires où tout semblait devenir incertain. Après avoir imposé un confinement national, la fermeture de nos cabinets et des restrictions drastiques, le n-SARS cov 2 nous a, semble-t-il, laissé un été de répit, le temps de quelques vacances. Avec l’automne, voici qu’il trouve un second souffle et remplit à nouveau les lits de réanimation des malades les plus fragiles, en détresse respiratoire.
Comment les chirurgiens-dentistes ont-ils vécu cette période et avec quelles conséquences, quels bouleversements ?
Les deux articles rapportés tentent de répondre à cette question par l’analyse de questionnaires renseignés par des praticiens au plus fort de l’épisode du printemps.
Les auteurs de la première étude expliquent d’abord que si un niveau d’angoisse modéré constitue un moyen naturel de vigilance favorisant un comportement de protection, l’anxiété persistante, jusqu’à la panique, favorise les erreurs de jugement et les comportements irrationnels. Ils ont analysé 650 questionnaires portant sur les angoisses et l’adaptation des pratiques de chirurgiens-dentistes issus de 30 pays à travers le monde, dont la France (2 questionnaires reçus), renseignés entre 10 et le 17 mars 2020. 87 % des répondants ont rapporté leur principale peur d’être eux-mêmes infectés par un patient ou un confrère. 72 % ont exprimé leur crainte vis-à-vis de la proximité avec les patients et 92 % étaient angoissés à l’idée de rapporter le virus du cabinet dentaire vers un membre…