Claude Jacquier, dit Geraudly : dentiste, barbier, camelot et homme à tout faire du Régent

  • Par
  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°1 - 11 janvier 2023 (page 42-45)
Information dentaire

« Un homme de fortune, abandonné à ses plaisirs ». C’est ainsi que sa veuve, au soir de sa vie, juge ce « vagabond », ce touche-à-tout, qui, pour avoir marqué de l’intérêt pour de nombreux sujets, aura acquis en son temps une notoriété certaine. L’appréciation mérite donc manifestement d’être nuancée et le présent article constituera en quelque sorte une sorte de mémoire en défense de ce contemporain du chirurgien-dentiste Pierre Fauchard, finalement mal connu, à la personnalité plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord.

Un père valet et barbier du duc d’Orléans, frère du roi

Son père, Chénier Jacquier, sieur de la Martinière, surnommé Geraudly, étant valet de chambre-barbier de la maison d’Orléans, il approche certainement très tôt le duc, frère du roi Louis XIV. Saint-Simon, dans ses Mémoires [1], rapporte que le souverain « traitait bien ses valets […]. C’était parmi eux qu’il se sentait le plus à son aise et qu’il se communiquait le plus facilement ». Il est bien évident que Monsieur ne se conduit pas différemment. A la base, la tâche de Geraudly père consiste à « peigner [le prince], tant le matin qu’à son coucher, luy faire le poil, nettoyer les dents et l’essuyer aux bains et aux étuves, et après qu’il a joué à la paume » [2]. Il a en charge la toilette de son maître, qui, contrairement à une opinion couramment répandue, est, comme son auguste frère, d’une propreté corporelle rigoureuse, changeant régulièrement sa mise comme sa perruque, dont l’approvisionnement est bien sûr dévolu à Geraudly.

Depuis un arrêt du parlement de Paris d’octobre 1655, l’exercice du barbier s’étend aussi à la chirurgie. Il est donc probable que Geraudly père ait inculqué à son fils Claude les rudiments de sa pratique. Néanmoins, quelques décennies plus tard, différents édits viennent préciser les modalités d’exercice de ces deux professions : celui de novembre 1691 les sépare à nouveau, les barbiers-perruquiers ne se voyant plus reconnaître le droit de pratiquer des interventions, puis ceux de 1699 créent différents corps de praticiens dont l’exercice se limite à une seule partie de la chirurgie. Ainsi apparaissent les oculistes, les herniaires, les lithotomistes et bien sûr les dentistes, dont les aptitudes sont contrôlées par les collèges de chirurgie qui leur décernent le titre d’expert.

Vers une carrière d’officier de la chambre

Claude Jacquier semble avoir été un temps commissionné comme…

Cet article est réservé aux abonnés.
Pour lire la suite :

Vous êtes abonné.e ? Connectez-vous
Mot de passe
oublié ?

Vous pouvez également :

Acheter l'article En version numérique
Acheter le numéro À l'unité

Thèmes abordés

Sur le même sujet

À découvrir

Article réservé à nos abonnés Spécial Tendances – avril 2025

En ce printemps, place à la luminosité et au renouveau de la nature ! Explorez notre sélection de luminaires alliant...
À découvrir

Avec l’affiche, Paris se rue vers l’art

La double vie de la rue Par nature, la rue est voie de communication : qu’elle résulte d’un immémorial tracé...
À découvrir

Exposition Pougatch : l’« Autrenoir »

Notre confrère Philippe Pougatch expose ses toiles jusqu’au 5 avril à la « Galerie Étienne de Causans », 25 rue de Seine, Paris 6e....
À découvrir

Art et IA : en bonne intelligence ?

Débats autour d’une IA générative d’un art pour tous Analytique et prédictive, l’IA seconde la science. Générative et créative, elle bouscule...
À découvrir

Article réservé à nos abonnés De poser à exposer : Défi et destin de Suzanne Valadon

Quand, déjà rompue à divers petits métiers, la Montmartroise de 15 ans fait ses débuts de modèle, c’est qu’elle a...
À découvrir

Le quart d’heure ravelien

Quel tube planétaire, d’une durée minimale de 15 minutes, est joué toutes les 15 minutes ? Ce diable de Boléro bien...