« Qu’un ami véritable est une douce chose »…
La Fontaine a raison ; mais on dit aussi « qui aime bien châtie bien » et c’est assez vrai entre amis qui peuvent à la fois tout se passer et résolument rien, au hasard d’une saute d’humeur, d’une rancœur réveillée, Pour un oui ou pour un non selon la célèbre pièce de Nathalie Sarraute. Au fait, comment et pourquoi choisit-on ou préserve-t-on ses amitiés ? C’est ce qu’interroge le Musée d’art contemporain de Lyon en s’appuyant sur ses collections, celles du British Council et les liens de jumelage de la ville avec Birmingham. Et ça tombe bien puisqu’il est aussi question ici des amitiés diplomatiques, utiles, subtiles et sujettes aux variations saisonnières de l’entente cordiale, surtout post-Brexit. Toiser le frère est toujours un peu croiser le fer, comme chercher l’alter-ego reste une affaire d’ego. Deux pays, deux amis, aiment jouter et se défier pour mieux s’admirer et se respecter, ce qui fait de leur amitié un sport à la fois de combat et de détente. Une connivence qui se paie d’exigence haute et stricte car on attend de l’autre autant que ce que l’on met de soi. Jauge et challenge, mais aussi échange, partage, coup d’épaule et précieuse main tendue, tous ces visages de l’amitié s’expriment en divers modes chez ces artistes contemporains qui, des deux côtés du Channel, sont venus à Lyon avec la ferme intention d’en recoudre.
De son côté, c’est aussi ce que fait Sylvie Selig en déroulant sur un étage entier du musée son impressionnante toile de 140 mètres sur 2 de haut où trois amis déambulent au long d’une onirique et ironique odyssée de l’art contemporain, racontée avec verve et au gré de sa pétillante fantaisie par cette octogénaire peintre, illustratrice, brodeuse, sculptrice et créatrice de graciles personnages poétiquement et aimablement déjantés, sa weird family.