Zan Bragetta, charlatan de la fin du XVIe siècle

  • Par
  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°23 - 10 juin 2020
Information dentaire
À l’occasion de leur passage à Avignon en 1598, les frères Platter assistent aux spectacles de la troupe du charlatan Bragetta qui attirent la foule par quelques scènes théâtrales et des concerts avant de proposer onguents, élixirs, pommades et autres poudres dentifrice. Un commerce florissant pour les charlatans de tous bords, dont certains se disaient « dentistes ».

Musée Virtuel de l’Art Dentaire (MVAD)

C’est en Italie qu’apparaissent les premiers empiriques, aux XIIe et XIIIe siècles, puis les premiers médecins ambulants, rapidement dénommés charlatans (voir encadré).

Leur nombre ne cesse ensuite d’aller croissant pour atteindre une certaine saturation dans les grandes villes entre 1500 et 1550. C’est ainsi que, dans cette période, Venise se plaint de ce que « beaucoup d’empiriques sans aucune expérience en médecine et sans licence ou examen sont venus et traitent différentes pathologies, donnant même des médications par voie orale ». Une partie de ces charlatans italiens comprend alors que mieux vaut émigrer pour trouver des meilleures conditions de travail. À partir des années ١٥٦٠-1570, la France voit alors arriver ces empiriques, tout d’abord dans le sud puis sur tout son territoire. Entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe, la plupart de ces charlatans italiens arrivent ainsi à Paris.

Du boniment au spectacle de rue

Ces charlatans étaient de toutes sortes, allant de l’arracheur de dents au bonimenteur, du vendeur de drogues à l’oculiste, du faux médecin au chirurgien sur le tas. Arrêtons-nous sur ceux qui se disaient « dentistes ». La plupart d’entre eux avaient plusieurs activités, étant « dentiste et bandagiste », « dentiste et botaniste » ou encore « dentiste et podologue ». Comme Bragetta, ils étaient tous itinérants et présentaient, généralement sur des tréteaux, des spectacles de rue afin d’attirer les clients (fig. 1). Leur principale source de revenus était la vente de drogues de toutes sortes, principalement des antalgiques contre les maux de dents, comme l’orviétan (fig. 2), mais aussi des élixirs de longue vie et autres produits miracles. Ils arboraient souvent un faux diplôme (fig. 3).

Le corpus iconographique, établi par différentes publications, montre que c’est dans les premières…

Cet article est réservé aux abonnés.
Pour lire la suite :

Vous êtes abonné.e ? Connectez-vous
Mot de passe
oublié ?

Vous pouvez également :

Acheter l'article En version numérique
Acheter le numéro À l'unité

Thèmes abordés

Sur le même sujet

À découvrir

Article réservé à nos abonnés La planète aux grands bleus

« Homme libre, toujours tu chériras la mer » Le vers de Baudelaire résonne pour tous les amoureux de la mer et...
À découvrir

Article réservé à nos abonnés Questions d’œil

Le voir pour le croire ? Avant la photographie, représenter le réel était le fait des peintres, sinon leur unique but....
À découvrir

Article réservé à nos abonnés La malédiction des musées dentaires parisiens

Nous vous proposons dans les pages qui suivent le dernier article rédigé par Micheline Ruel-Kellermann pour notre revue. Ces pages...
À découvrir

Article réservé à nos abonnés Tarsila Do Amaral, Passeuse du modernisme brésilien

Il faut croire que la bestiole n’est pas si mauvaise, puisqu’en quelques mois, voilà Tarsila sortie de l’ombre pour recevoir...
À découvrir

Erdal Alantar par Alp Alantar

Notre confrère Alp Alantar publie aux éditions « lelivredart » une biographie consacrée à son père, Erdal Alantar (1932-2014), qui quitta son pays...
À découvrir

Jean-Jacques Lasfargues publie un nouveau recueil de poésies

Notre confrère Jean-Jacques Lasfargues, membre titulaire de l’Académie de chirurgie dentaire, publie le troisième volet de sa « trilogie poétique » intitulé...