Les alliages dentaires se sont imposés pendant tout le XXe siècle comme le principal élément constitutif des infrastructures prothétiques. D’abord spécifiquement employés en prothèse amovible pour leurs qualités mécaniques particulièrement adaptées aux châssis de PAPIM*, les alliages cobalt-chrome (Co-Cr) se sont plus récemment largement développés en prothèse fixée comme alternative aux alliages nobles, devenus beaucoup trop coûteux, puis aux alliages nickel-chrome (Ni-Cr) compte tenu de la prévalence des allergies au nickel, par ailleurs classé comme potentiellement carcinogène dans les années 1990. Actuellement, les alliages Co-Cr sont, avec les alliages de titane, les seuls à être proposés à l’usinage ou à l’impression laser sélective (SLM).
Alors que les tendances plaident pour des biomatériaux de plus en plus biocompatibles, quels sont, de ce point de vue, la place et l’avenir des alliages Co-Cr au regard de leur toxicité potentielle, mais aussi des évolutions réglementaires ? C’est précisément ce que nous livrent les auteurs français de cette revue narrative parue dans un numéro spécial Co-Cr de Crystals, revue de matériaux. Ils expliquent d’abord qu’il s’agit d’alliages complexes incluant de multiples composants, mais dans lesquels le couple Co-Cr représente environ 80 % de l’alliage dans lequel le cobalt est largement majoritaire. D’où sa dénomination d’alliage cobalt-chrome (et non chrome-cobalt comme on l’entend trop souvent !). Si ces éléments métalliques jouent un rôle important dans le métabolisme humain, ils peuvent aussi être considérés comme toxiques sous certaines formes ioniques et au-delà de certains seuils. Bien que les alliages Co-Cr soient très résistants à la corrosion grâce à la « protection » d’une couche d’oxyde chrome très adhérente en surface, les conditions d’usage, dans le milieu buccal en particulier, des phénomènes de corrosion complexes…