L’endocardite infectieuse (EI) est une maladie potentiellement mortelle causée par divers micro-organismes pathogènes, principalement des bactéries, qui pénètrent dans la circulation sanguine et colonisent les valves cardiaques natives ou prothétiques, les dispositifs intracardiaques ou, exceptionnellement, d’autres tissus cardiaques. L’EI est associée à une morbidité importante (40 à 50 % des patients nécessitant une chirurgie valvulaire) et à une mortalité d’environ 20 à 25 % pendant la première année. Les actes invasifs bucco-dentaires sont responsables d’une bactériémie à Streptococcus viridans et représentent une cause importante d’EI.
De nombreuses sociétés savantes ont proposé des recommandations sur l’antibioprophylaxie (AP) pour la prévention de l’EI, mais ces dernières sont contradictoires pour plusieurs raisons : développement de la résistance aux antibiotiques, effets indésirables des médicaments, rapport coût-efficacité. En outre, au cours des vingt dernières années, dans les pays industrialisés, les Staphylococcus spp. sont devenus les germes prédominants dans l’étiologie de l’EI. L’existence d’une bactériémie secondaire aux activités de la vie quotidienne (mastication, brossage dentaire…), plus importante que celle induite par des gestes bucco-dentaires invasifs, le grand nombre de patients à traiter et l’absence d’essais contrôlés randomisés démontrant l’efficacité de l’AP ont contribué à la controverse autour de l’utilisation de l’AP dans la prévention de l’EI.
Les changements dans l’épidémiologie de la maladie, la diminution du nombre de cas d’étiologie streptococcique et l’augmentation du nombre de cas affectant des structures cardiaques normales ont conduit à une réduction progressive de l’indication de l’AP pour la prévention de l’EI. En 2006, la British Society for Antimicrobial Chemotherapy (BSAC) a recommandé l’AP uniquement chez…