Adopter une gestion de trésorerie efficace

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire (page 34-35)
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Le nerf de la guerre ! Voilà comment il est coutume de désigner la trésorerie dans l’univers de la gestion d’entreprise. Autant dire que s’il est bien une tâche qu’il faut mener avec rigueur, c’est la gestion des liquidités de son entreprise. Et contrairement aux idées reçues, gérer une trésorerie s’applique aussi bien à une pénurie qu’à un excédent d’argent, pour disposer en permanence des fonds dont on a besoin, ni plus ni moins ! En la matière, l’improvisation est donc bien mauvaise conseillère.

1/ Mettre en place des outils de gestion prévisionnelle

C’est bien connu, gérer revient à anticiper et lorsque l’on évoque la trésorerie, le lieu commun prend tout son sens. « La plupart des cabinets dentaires ne pratiquent pas la gestion prévisionnelle de leur trésorerie, autrement dit, ils n’ont pas une idée précise de leurs recettes et de leurs dépenses. Pourtant, c’est avec de tels outils que l’on gère efficacement une trésorerie », fait remarquer Julien Fraysse, expert-comptable. Bien évidemment, établir un prévisionnel ne fera pas entrer de l’argent dans les caisses, mais il permettra d’anticiper les besoins, peut-être d’en différer certains ou d’anticiper des solutions de financement si la situation est vraiment critique. En effet, un banquier sera bien plus réceptif à une demande de rallonge de découvert si son interlocuteur est en mesure de présenter un document reprenant l’état des recettes et des dépenses prévisionnelles du cabinet sur six mois ou un an. De même, les dépenses sont plus faciles à prévoir et à lisser sur une longue période si l’on a une vision de ses recettes. Et à l’inverse, si l’on sait que l’on doit faire face à des dépenses importantes, il sera possible d’adapter temporairement son activité en conséquence.

2/ Adopter des outils simples

Pour réaliser un prévisionnel de trésorerie, un simple tableur suffit. « Il existe des outils comptables qui permettent de mettre en œuvre ces outils de gestion, mais l’on peut aussi aller au plus simple », estime Julien Fraysse. Sous-traiter cette tâche à son expert comptable est également envisageable pour être guidé et construire un outil efficace, au moins dans un premier temps. « Un prévisionnel est un état des recettes et des dépenses. Il convient donc de reprendre chaque poste de dépenses et de recettes et surtout de différencier les frais fixes et les frais variables pour avoir une vision juste de son activité et donc de l’argent disponible. ». Inutile donc de se compliquer la tâche en optant pour un outil difficile à gérer.

3/ Actualiser et comparer

Pour être fiable, un prévisionnel doit être régulièrement actualisé en fonction de la vie du cabinet. Une patientèle qui augmente, un équipement qu’il faut remplacer, un salarié sur le départ à qui il faut régler son solde de tout compte et bien d’autres imprévus sont autant d’éléments à intégrer dans le prévisionnel. « Il faut actualiser un prévisionnel de trésorerie à un rythme régulier, une fois par mois par exemple », conseille l’expert comptable.

Pour ajuster un prévisionnel de trésorerie, il convient de compte des échéanciers clients et fournisseurs, mais aussi de réviser les échéanciers de charges sociales et fiscales. « Il existe un décalage entre les revenus déclarés et le paiement des cotisations qui s’y rapportent, il faut donc que ces variations soient anticipées dans l’outil de gestion prévisionnelle. Les appels de fonds, les régularisations doivent être tenus à jour pour avoir une vision juste de l’argent disponible », remarque l’expert comptable. Reste qu’un prévisionnel n’a d’utilité que s’il permet d’avoir une vision de ce que l’on fait aujourd’hui et de ce qui a été fait avant. C’est en effet en comparant les exercices comptables que l’on arrive à gérer au mieux les liquidités du cabinet. Enfin, en intégrant régulièrement ces éléments, le prévisionnel gagnera en fiabilité et le chef d’entreprise en crédibilité auprès de sa banque s’il a besoin de négocier une avance de trésorerie ou un découvert. D’autant que le banquier déteste être mis devant le fait accompli, mais comprend en général une difficulté passagère que l’on a vu venir. Quant au chef d’entreprise, il sera mieux armé pour négocier au plus juste. « Emprunter sur une durée trop courte peut générer des difficultés de trésorerie, il faut donc regarder son prévisionnel pour adapter ses crédits et ses modalités de financement en fonction de son activité », fait valoir Julien Fraysse.

4/ Faire entrer l’argent

Certains trouveront que c’est une évidence, mais il est bon de rappeler que la trésorerie ne peut être positive que si les encaissements se concrétisent. Autrement dit, il faut très régulièrement relancer un client mauvais payeur. Une tâche difficile, certes, mais indispensable. C’est pourquoi, à défaut de la prendre en charge en interne, il existe beaucoup de solutions pour externaliser la relance clients. Seule certitude, c’est un point à ne pas négliger, car il en va de la survie du cabinet, mais aussi de sa crédibilité. Solliciter son banquier pour un prêt ou un découvert, alors que l’on a de l’argent que l’on ne parvient pas à faire rentrer, est toujours plus compliqué que si l’on est vigilant sur les encaissements.

5/ Savoir économiser sa trésorerie

On a tendance à penser que gérer une trésorerie de main de maître revient à gérer la pénurie. A tort, car fort heureusement, les cabinets dentaires ont souvent une trésorerie positive. Mais une trésorerie positive se gère aussi… Ainsi, un excédent doit être considéré comme une ressource à préserver au cas où la situation se dégraderait. Ou tout simplement pour profiter d’opportunités plus favorables que de puiser dans sa trésorerie. Par exemple, lorsque les taux d’intérêt sont bas, mieux vaut souvent s’endetter pour investir que de monopoliser sa trésorerie. « Une bonne gestion de trésorerie est aussi la base d’une bonne gestion patrimoniale pour le praticien », souligne pour conclure Julien Fraysse.

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