Endodontie

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Information dentaire

Quelest l’effet de la pose retardée de la restauration coronaire (avec ou sans ancrage radiculaire) et de la couronne sur le pronostic d’un traitement endodontique orthograde de première intention ?

Auteur du résumé : Al Khourdaji Ghina.
Article analysé : Yee K et coll. Survival rates of teeth with primary endodontic treatment after core/post and crown placement. J Endod 2017 (en attente de publication).
Mots clés : faux moignon, pronostic, tenon, traitement endodontique.
Type d’article : clinique, étude de cohorte rétrospective.
Niveau de preuve : 2c selon la classification d’Oxford.
Provenance de l’article, auteurs : l’article provient du département d’endodontie de la faculté dentaire de l’Université Marquette à Milwaukee, dans le Wisconsin. Kandace Yee, Scott MacDonald et Gordon Brakley sont étudiants « post graduate » en endodontie du même département.
 
Méthodologie : selon les bases de données de l’assurance dentaire Delta Dental of Wisconsin, 160 040 dents traitées endodontiquement et restaurées avec un faux moignon et une couronne périphérique ont été analysées. Ces dents ont été suivies pendant dix ans, et la survenue éventuelle d’un événement indésirable a été enregistrée grâce à la codification des actes. Ces événements étaient la nécessité de réintervention par un retraitement orthograde, une chirurgie endodontique, ou l’extraction.
 
Réponse : après un traitement endodontique, la pose retardée de la reconstitution corono-radiculaire et de la couronne diminue le pronostic du traitement.
 
Synthèse en trois points
• Les taux d’échec étaient plus élevés lorsque la restauration coronaire (avec ou sans tenon) a été mise en place plus de 60 jours après le traitement endodontique, et lorsque la couronne a été posée plus de 60 jours après la mise en place du faux moignon.
• Le taux de survie après la pose d’une couronne est de 99,1 % à un an, 96 % à 3 ans, 92,3 % à 5 ans et 83,8 % à 10 ans.
• Les taux de survie étaient plus élevés lorsque le traitement endodontique était réalisé par un endodontiste par rapport à un omnipraticien.
Implications cliniques retenues : après un traitement endodontique, il est conseillé de réaliser le plus tôt possible une restauration définitive. Cependant, en raison d’un manque de communication entre l’endodontiste et son référent, le facteur temps est souvent négligé. Selon les résultats de cette étude, le temps entre le traitement endodontique et la restauration s’est révélé un facteur important influençant le taux de survie des dents traitées endodontiquement. Lorsque la reconstitution corono-radiculaire est réalisée plus de 60 jours après le traitement endodontique, il existe un risque de réinfection due à la perte de l’étanchéité de la restauration temporaire. Le laps de temps écoulé entre la pose du faux moignon et la pose de la couronne présente également un risque, probablement imputable aux risques de fracture. Par conséquent, lorsque la pose de la couronne est retardée, il est important de placer une couronne provisoire pour protéger la structure dentaire restante. Il est indispensable de mettre en valeur l’importance de l’échange entre l’endodontiste et le praticien référent avant et après le traitement afin de respecter le délai entre le traitement endodontique et la pose de la couronne.

Question : Est-ce que l’activation sonique et ultrasonique influence l’adhérence, l’adaptation à l’interface avec la dentine et la pénétration intratubulaire des ciments canalaires ?

Auteur du résumé : Brice Riera.
Article analysé : Wiesse PEB et coll. Effect of ultrasonic and sonic activation of root canal sealers on the push-out bond strength and interfacial adaptation to root canal dentine. Int Endod J 2018 ; 51 (1) : 102-111.
Mots clés : force d’adhérence, traitement canalaire, activation sonique, activation ultrasonique.
Type d’article : scientifique, étude ex vivo.
Niveau de preuve : 5.
Provenance de l’article, auteurs : ce manuscrit est brésilien (Université de Sao Polo). Carlos Estrela est professeur du département d’endodontie et biologie orale. Il a écrit plus d’une centaine de publications internationales dont les principaux centres d’intérêt en endodontie sont : le CBCT, la parodontite apicale et la désinfection. Manouel de Sousa-Neto est professeur au département d’odontologie conservatrice et endodontie. Il a publié plus de deux cents papiers, notamment sur les propriétés des ciments canalaires et la traumatologie dentaire.
 
Méthodologie : 78 canines maxillaires ont été préparées de façon standardisée. Elles ont ensuite été réparties de façon randomisée en 6 groupes, en fonction du ciment utilisé (AH plus ou MTA-Fillapex) et du type d’activation de celui-ci (aucune, sonique ou ultrasonique). L’obturation des canaux a été réalisée avec la condensation latérale à froid. La force d’adhérence a été mesurée mécaniquement et l’adaptation à l’interface dentinaire ainsi que la pénétration intratubulaire du ciment ont été analysées par microscopie confocale laser.
 
Réponse : l’activation ultrasonique a montré de meilleurs résultats que l’activation sonique en termes de force d’adhérence, de pénétration intratubulaire et d’interface avec la dentine radiculaire.
 
Synthèse en trois points
• Cette étude avait pour but d’évaluer l’effet de l’activation sonique et ultrasonique sur l’adhérence à la dentine des ciments AH plus et MTA-Fillapex.
• L’activation ultrasonique permet une plus grande force d’adhérence, une meilleure pénétration dans les tubuli dentinaires (plus grande quantité, densité et longueur des « tags ») et une meilleure adaptation des ciments canalaires le long de la surface dentinaire par rapport à l’activation sonique et à l’absence d’activation.
• Bien que les ciments AH Plus et MTA-Fillapex soient différents en termes de composition chimique, de viscosité, de solubilité, d’épaisseur du film et de propriétés dimensionnelles, l’activation ultrasonique a montré des effets similaires sur la pénétration et l’adhérence de ces deux ciments.
Implications cliniques retenues : d’après cette étude, il ne semble pas utile d’activer le ciment canalaire avec un dispositif sonique, celui-ci n’ayant pas montré de différences significatives avec l’absence d’activation. En revanche, les résultats obtenus avec le dispositif ultrasonique ont montré une amélioration de la qualité de l’obturation canalaire quel que soit le type de ciment. L’utilisation de cette activation ultrasonique avec les ciments biocéramiques, avant une obturation en technique monocône, apparaît prometteuse : le concept étant totalement différent des autres techniques, leur rôle de véritable matériau d’obturation canalaire serait optimisé. En revanche, la prudence est de mise quant à l’utilisation de cette technique dans les canaux courbes. En cas de courbure sévère, il sera très compliqué de réaliser l’activation à 2 mm de l’apex (même en précourbant l’insert), avec le risque de ne pas obtenir les mêmes résultats en termes de qualité de l’obturation. Se pose aussi le risque d’instrumentation de la dentine radiculaire avec la pointe de l’insert qui, aussi faible soit-elle, pourrait nuire à la bonne conduite de l’obturation en cas de courbures prononcées, notamment à l’insertion du maître cône.

Question : l’irrigation avec du sérum physiologique réfrigéré après une séance de préparation chimio-mécanique permet-elle de réduire l’apparition et l’intensité des douleurs postopératoires ?

Auteur du résumé : Valentin Marchi.
Article analysé : Vera Jorge et coll. Intracanal cryotherapy reduces postoperative pain in teeth with symptomatic apical periodontitis : A randomized multicenter clinical trial. J Endod 2018 ; 44 (1) : 4-8.
Mots clés : antalgiques, cryothérapie, douleur endodontique, douleur postopératoire, parodontite apicale aiguë.
Type d’article : clinique, essai clinique randomisé.
Niveau de preuve : 1b.
Provenance de l’article, auteurs : cette étude multicentrique provient d’Espagne, du Mexique, des États-Unis et du Liban. Jorge Vera est professeur d’endodontologie à l’université de Tlaxcala au Mexique. Il est impliqué dans l’écriture de plus de 70 articles scientifiques. L’irrigation en endodontie est son sujet de prédilection. Ana Arias est professeur associée dans le département de dentisterie restauratrice à l’université Complutense de Madrid. Elle a participé à environ une vingtaine d’articles scientifiques, principalement sur l’instrumentation ou les douleurs postopératoires.
 
Méthodologie : 210 patients présentant une parodontite apicale symptomatique sur une dent monoradiculée ont été inclus dans l’étude et randomisés en deux groupes pour le traitement endodontique. Après une préparation chimio-mécanique standardisée, le canal a été irrigué avec du sérum physiologique réfrigéré (2,5 °C) ou à température ambiante en fonction du groupe. Une technique d’irrigation à pression négative a été utilisée. La douleur postopératoire a été évaluée avec un questionnaire ainsi que des EVA.
 
Réponse : la « cryothérapie intracanalaire » permet de diminuer la survenue de douleur postopératoire ainsi que le besoin d’antalgiques après la première séance d’un traitement endodontique en plusieurs visites.
 
Synthèse en trois points
• L’utilisation de la « cryothérapie intracanalaire » réduit considérablement la douleur postopératoire après la première séance d’un traitement endodontique (OR = 12).
• Le froid provoque une vasoconstriction ainsi qu’un effet anti-
œdémateux dans les tissus périradiculaires, qui pourraient expliquer l’effet antidouleur de ce procédé.
• Le rinçage final avec un liquide réfrigéré abaisse la température à la surface radiculaire de plus de 10 °C, permettant ainsi aux effets bénéfiques du froid de se produire.
Implications cliniques retenues : l’utilisation de cette technique novatrice de « cryothérapie intracanalaire » semble très prometteuse, simple et efficace pour réduire la douleur postopératoire après un traitement endodontique. Ce procédé pourrait être utilisé lorsque le praticien redoute une douleur postopératoire après un traitement endodontique, par exemple lorsque la douleur préopératoire est forte ou que le foramen a été surinstrumenté lors de la préparation. Il serait intéressant de savoir si ces résultats sont transposables pour les traitements en une séance, comme c’est souvent le cas en France. Il pourrait alors être judicieux d’utiliser une technique d’obturation à froid pour ne pas annuler l’effet bénéfique du froid en surchauffant le système endodontique (un « heater » pour l’obturation à la gutta chaude monte environ à 200 °C). Quoi qu’il en soit, le froid semble avoir des effets bénéfiques sur la douleur postopératoire endodontique. Peut-être son application topique après le traitement, comme elle est déjà recommandée après une chirurgie, pourrait-elle également avoir un impact positif sur cette douleur tant redoutée par les patients.

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