L’Information Dentaire : Vous avez raccroché vos pointes en 2012, mais vous êtes toujours resté dans le monde de l’athlétisme. En début d’année, vous avez été nommé Directeur technique de la performance au sein des équipes de France de la Fédération française d’athlétisme. Quelle est votre mission à ce poste ?
Mehdi Baala : J’ai en charge le suivi des athlètes médaillés et médaillables. Mon rôle est de mettre nos meilleurs athlètes, une vingtaine, dans une bulle de confort pour les amener dans la performance dans les grands championnats et leur faire décrocher le plus de médailles possible. C’est un travail d’écoute, je passe une grande partie de ma journée au téléphone. Avec mon expérience, j’espère être de bon conseil pour eux, je leur transmets ce que je connais le mieux : le haut niveau. (Ndlr, cet entretien a été réalisé avant les 5 médailles, dont 3 en or, remportées par la France aux Mondiaux d’athlétisme de Londres en août).
id : Quel regard le sportif de haut-niveau que vous avez été porte t-il sur le monde de la santé ? Vous avez nécessairement côtoyé des médecins, des diététiciens, des ostéopathes, des pneumologues…
M.B. : Pour réussir, les sportifs ont l’obligation d’être le moins blessé possible. L’aspect médical est donc primordial, en tout cas aussi important que l’entraînement.
Les athlètes de l’équipe de France sont en rapport constant avec le médecin fédéral pour prendre en charge les bobos le plus tôt possible et faire de la prévention. De toute façon, il y a une obligation ministérielle depuis quelques années de garantir l’intégrité physique des athlètes, pour ne pas revivre ce que l’on a pu voir il y a quelques années sur les terrains de foot avec des morts subites par exemple. Nous sommes donc très soucieux du suivi médical de nos athlètes.
id : Et les chirurgiens-dentistes ? Vous ont-ils été utiles au cours de votre carrière ? Ou ont-ils été votre pire cauchemar ?
M.B. : Je n’ai pas peur des dentistes (rires). Ils sont importants pour nous. On sait qu’une mauvaise hygiène bucco-dentaire a de multiples aspect négatifs sur les performances. Elle peut entraîner de petites blessures qui handicaperont une saison, voire une carrière. La visite chez le dentiste est inscrite dans le suivi de santé obligatoire. Un simple contrôle, même sans soin, permet de déceler ce qui pourrait entraîner une contre-performance comme un déséquilibre de la mâchoire. Personnellement, j’y allais deux ou trois fois par an au cours de ma carrière. Il m’est arrivé plusieurs fois de voir une tendinite disparaître simplement en soignant une carie. Je peux dire que les dentistes ont sauvé une bonne partie de ma carrière !
id : Pourquoi avez-vous accepté de prendre part à cet événement, le Dental Run Care, et de devenir le coach des chirurgiens-dentistes ?
M.B. : Pour faire un clin d’œil, je dirais qu’en devenant coach des dentistes, je leur rends tout ce qu’ils m’ont donné !
Plus sérieusement, ce running organisé par Pierre Fabre Oral Care est l’occasion de se retrouver entre passionnés et amateurs de course à pied et d’apprendre les uns des autres. C’est aussi une manière de rester en contact avec les professionnels qui nous aident, nous, sportifs, à conserver nos performances. Ça ne sera que sympathique je vous le promets !
id : Comment comptez-vous accompagner les praticiens, les motiver, les préparer ? Pour les accros du running, ce sera plutôt facile, mais pour les autres ? 5 km, ce n’est pas rien…
M.B. : Le sport c’est un moment de liberté, d’amusement. Sortir courir pour se vider la tête, quel plaisir ! J’imagine bien qu’un chirurgien-dentiste qui a des responsabilités énormes sur ses épaules a aussi besoin de cette liberté-là. A tous les débutants qui voudraient participer, je leurs conseille de partir cinq ou dix minutes en footing, puis de marcher cinq minutes et de recommencer. Cela permet de se mettre le pied à l’étrier rapidement pour que le running devienne un plaisir. Cela vient assez vite, vous verrez. Surtout, il faut rester dans des allures qui vous sont personnelles, à son rythme. Tous ceux qui le souhaitent, participants ou non d’ailleurs, peuvent bénéficier de conseils personnalisés pour cette course, mais aussi sur la pratique du running en général (plans d’entraînement, étirements, matériel…), simplement en posant des questions à l’adresse suivante : dentalruncare
Inscription et informations sur www.dentalruncare.fr et www.pierrefabreoralcare-services.fr.
Les grandes dates d’une carrière magistrale
Mehdi Baala est une étoile brillante de l’athlétisme français. Né le 17 août 1978 à Strasbourg, il débute l’athlétisme en 1994 et marque très vite les esprits par ses performances en demi-fond. En 1999, il « vaut » déjà 3’34’’83 sur 1 500 mètres (essayez pour voir !). Il est alors sélectionné pour les jeux Olympiques de Sydney en 2000 et termine quatrième du 1500 mètres. Il a 22 ans, sa carrière prend de l’allure… Après une année 2001 en demi-teinte, il devient champion d’Europe du 1500 mètres à Munich en 2002. Il est le premier Français sacré champion continental de la distance depuis Miche Jazy en… 1962.
Cette même année 2002, il s’essaie au 800 mètres et, en 1’43’’15, il bat le record de France. Il faudra attendre 2014 pour que Pierre-Ambroise Bosse, champion du monde du 800 à Londres en juillet dernier le détrône (1’42’’53).
L’année 2003 a une saveur particulière. Les championnats du monde d’athlétisme se déroulent en France. Sur la piste du Stade de France, il défie son grand rival, le Marocain Hicham El Guerrouj. Mehdi Baala, s’octroie finalement la médaille d’argent. Très en forme cette saison-là, il devient, en septembre, le premier Français à passer la barrière des 3’30’’ sur 1 500 mètres (3’28’’98) en meeting à Bruxelles. Le record de France tient toujours !
En 2004, blessé, il ne peut défendre ses chances aux jeux Olympiques d’Athènes. L’année 2005 est également décevante, mais en 2006, il est de nouveau sacré champion d’Europe à Göteborg en Suède, survolant tous ses adversaires. En 2007, il gagne les 1500 mètres de deux épreuves par équipe : la Coupe d’Europe des Nations et le DécaNations. Il touchera du bronze en 2008 à Pékin. Sur tapis vert. Arrivé quatrième, il doit sa médaille à la disqualification du vainqueur Rachid Ramzi pour dopage. Père de deux enfants, il raccroche ses pointes en 2012.
Le Dental Run Care, c’est quoi ?
C’est un footing de 5 km, dans Paris, organisé par Pierre Fabre Oral Care, le 1er décembre prochain au matin, à 6h30, à l’ADF. Objectifs : mettre en avant la relation étroite qui existe entre sport, santé humaine en générale et santé bucco-dentaire en particulier et soutenir l’association Handident Hauts-de-France dont la mission est de favoriser l’accès aux soins bucco-dentaires des personnes en situation de handicap, quel que soit leur handicap.
Inscription sur www.dentalruncare.fr
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